Les lignées féminines

Cet article fait suite au précédent sur les lignées féminines (que tu peux retrouver ici).

Aujourd’hui, j’ai choisi de mettre en lumière trois figures emblématiques de l’Histoire : les sorcières, les faiseuses d’anges et les libres penseuses.

Leur histoire, leur impact et leur influence résonnent encore aujourd’hui.

Une sorcière est traditionnellement définie comme une femme pratiquant la sorcellerie et la magie.

Longtemps associées à des pactes avec le diable, les sorcières ont été persécutées à partir du Moyen Âge, perçues comme une menace par l’Église.

Entre le 14ᵉ et le 16ᵉ siècle, on estime à 110 000 le nombre de procès intentés et à 60 000 les condamnations à mort.

Les sorcières, souvent issues des classes populaires, incarnaient un défi à l’ordre social.

Cette chasse aux sorcières, qui débuta après l’expulsion des Juifs d’Europe, reflète un besoin sociétal de trouver des boucs émissaires.

La coiffe imposée aux Juifs s’est transformée en le fameux chapeau pointu des sorcières, devenues la nouvelle cible des persécutions.

Dans les années 70, les mouvements féministes ont réhabilité leur image, en faisant des sorcières un symbole de résistance et d’émancipation face aux oppressions.

Aujourd’hui, elles représentent la femme qui refuse la soumission, qui revendique sa liberté et sa différence.

À noter : les premières cibles des chasses aux sorcières étaient souvent des avorteuses, condamnées pour infanticide, ce qui nous amène naturellement à notre prochain portrait.

Les faiseuses d’anges, ou accoucheuses clandestines, étaient des femmes pratiquant des avortements illégaux.

Jusqu’à la dépénalisation de l’avortement en 1990 en Belgique, elles représentaient souvent le dernier recours pour les femmes en détresse.

Ces femmes étaient généralement plus âgées et formaient des réseaux informels.

Munies de moyens rudimentaires, comme des aiguilles à tricoter, elles exerçaient dans le secret, prenant des risques immenses pour elles-mêmes et leurs patientes.

Les avortements pratiqués étaient souvent dangereux et pouvaient entraîner des complications graves, voire mortelles.

Malgré les progrès en matière de droits reproductifs, l’avortement reste illégal ou très réglementé dans certaines régions du monde, forçant parfois les femmes à retourner vers ces pratiques clandestines.

La situation actuelle aux États-Unis rappelle que l’interdiction ne réduit pas le recours à l’avortement mais augmente les risques pour les femmes.

Les faiseuses d’anges sont un témoignage poignant de la lutte pour la santé reproductive et la liberté de choix.

Leur histoire nous rappelle que le combat pour l’égalité et la justice sociale est loin d’être terminé.

Les libres penseuses sont des femmes qui osent remettre en question les normes, les structures de pouvoir et les stéréotypes. Elles prônent des alternatives progressistes, des modes de vie différents et des valeurs telles que la solidarité et l’entraide.

Ces femmes ont souvent subi des conséquences tragiques pour leurs convictions.

Internats, couvents, prisons ou asiles étaient des moyens de les marginaliser. On les qualifiait de « vagabondes », « hystériques », « filles-mères » ou « prostituées ».

Pourtant, ces « rebelles incorrigibles » ont joué un rôle crucial dans le changement social, culturel et politique.

Elles continuent d’inspirer les générations futures par leur courage et leur engagement.

Leur histoire nous invite à réfléchir sur la capacité de chacun à s’élever contre les injustices et à construire un monde meilleur.

Pour aller plus loin, voici deux lectures inspirantes :

• Les libres penseuses : femmes d’exception qui ont marqué l’histoire, de Michel Onfray (Flammarion).
• Les femmes et la liberté de pensée, de Florence Montreynaud (Des femmes).

Merci à toutes celles qui ont osé braver les interdits et endossé ces rôles, souvent au péril de leur vie.

Leur détermination et leur résilience sont une source d’inspiration inépuisable.

Ces femmes, qu’elles soient sorcières, faiseuses d’anges ou libres penseuses, ont contribé à façonner un monde plus juste.

Leur message est clair : soyons libres de penser, d’agir et de rêver un avenir meilleur.

Merci à elles.